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LE RÉPERTOIRE NATIONAL.

La terre était couverte de mille fleurs nouvellement écloses, la végétation se faisait avec vigueur, les feuilles des arbres qui commençaient à se développer, formaient une ombre qui s’étendait épaisse sur le gazon. Assis sous un grand orme, j’écoutais le gazouillis des oiseaux qui se répétait mélodieux, pour se perdre ensuite dans le murmure d’un petit ruisseau qui coulait à ma droite. Le zéphyr doux et chaud, tout en secondant le développement de la nature, portait aux sens une étrange impression de volupté. Après quelques heures d’une délicieuse nonchalance, je me mis à la poursuite d’une couvée de perdrix que mon chien avait fait lever, et insensiblement je m’égarai dans la montagne. Déjà il se faisait tard, quand je m’aperçus que j’avais perdu ma route. Le temps s’était enfui rapide, d’énormes nuages, couleur de bronze, roulaient dans l’espace, et par moments voilaient le soleil, qui déjà rasait la cime des hauts chênes. Bientôt les nuages se condensèrent, et formèrent comme un dôme immense qui s’étendait sur tout l’horizon et menaçait de se dissoudre et de s’abîmer en pluie. Les oiseaux fuyaient d’un vol rapide, et cherchaient un abri contre l’orage qui allait bientôt éclater. Le vent s’était élevé terrible et soufflait furieux à travers la forêt. Quelques éclairs déchiraient les nues et serpentaient avec une majestueuse lenteur. Déjà même on entendait le tonnerre qui grondait sourd dans le lointain. Quelques gouttes d’eau tombaient larges sur les feuilles des arbres ; et moi, j’étais là, seul, isolé, au milieu de la montagne, sans guide ni sentier pour retrouver mon chemin. Dans l’étrange perplexité où je me trouvais, je saisissais avec avidité tout ce qui aurait pu m’être utile, j’écoutais avec anxiété le moindre bruit, mais je n’entendais

    entre la maison où demeurait le dit accusé et celle qu’occupaient les dits défunts Favre et sa femme ; les biens du dit Jean Baptiste Goyer dit Bélisle acquis et confisqués au roi, ou à qui il appartiendra sur iccux, ou à ceux non sujets à confiscation, préalablement pris la somme de trois cents livres, d’amende, en cas que confiscation n’ait pas lieu au profit de sa majesté.

    Fait à Montréal, le 6e juin, 1752.

    (Signé,) foucher.