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LE RÉPERTOIRE NATIONAL.


Que par l’esprit et par les grâces
Nos belles charment tous nos cœurs ;
Que ceux qui volent sur leurs traces
Ne craignent pas d’autres vainqueurs ;
Qu’on ne gêne point les affaires
Par de trop sots raffinements,
        Vivons tous en compères,
        Et soyons tolérants.



1835.

LE TOMBEAU DE WALLER[1].

Le jour tombait et la veuve tardive
Du temple saint est déjà de retour ;
Et dans les airs levant sa voix plaintive,
Le vieux clocher gémissait sur sa tour.
Je parcourais le sentier solitaire
Où souvent brille un funèbre flambeau ;
Depuis longtemps interrogeant la terre,
En vain mes yeux demandaient son tombeau.

Pas une pierre à l’étranger qui passe
En l’arrêtant demande quelques pleurs.
Du fossoyeur lorsque la main est lasse
Y gît l’acier qui couvre nos douleurs.

  1. Jocelyn Waller, appartenant à l’une des premières familles irlandaises, vint en Canada en 1820. Deux ans après il rédigea le Montreal Gazette ; mais ses principes libéraux déplurent aux propriétaires de ce journal, et il en abandonna bientôt la rédaction. Survint alors le fameux premier bill pour réunir les deux Canadas en une seule province. Les Canadiens-Français, ennemis de cette mesure, sentirent le besoin de créer un journal anglais pour se défendre auprès de la population anglaise du pays. Ils fondèrent le Canadian Spectator et en confièrent la rédaction à M. Waller. Malgré les efforts du parti unionnaire, M. Waller réussit à former un parti, parmi la population bretonne, qui se joignit aux Canadiens pour combattre l’union projetée. Dans cette longue lutte M. Waller s’était attiré la haine du Procureur-Général ; il fut emprisonné et subit plusieurs procès politiques dont il sortit victorieux.M. Waller est mort en 1829, entouré de l’estime et de l’admiration des Canadiens-Français, dont il avait si vaillamment défendu les intérêts. M. Waller est mort au moment où la cause des Canadiens triomphait en Angleterre, et où il allait faire un héritage d’un revenu de sept à huit mille louis par année avec le titre de baronnet, par suite de la mort de son frère aîné.