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LE RÉPERTOIRE NATIONAL.

il n’y aurait que de fortes commotions de la nature qui pourraient en disjoindre ses parties. Le dessus ou le pavé est couvert d’un gazon mousseux, où il croît pourtant de faibles arbrisseaux. J’ai observé à l’une des extrémités un sumac, dont le fruit faisait pencher les branches de tous côtés.

Enchantés de ce chef-d’œuvre de la nature, nous décidâmes que nous resterions là quelques jours, si nous pouvions toutefois faire assez de pêche et de chasse pour nous nourrir. Dans cet espoir, nous commençâmes notre cabane au pied de la montagne ; nous y dévouâmes plus de temps qu’à celles que nous avions faites précédemment, aussi était-elle très confortable. Nous y allumâmes un grand feu d’un bois dont la bonne odeur en brûlant se répandait de tous côtés.

Quelle nuit délicieuse je passai dans ce lieu ! le gazouillement de l’oiseau rouge au milieu de la nuit me ravissait, et les cris lugubres du sinistre chat-huant vibrent encore à mon oreille.

Le lendemain, dès que l’aurore commença à poindre, nous nous mîmes, moi et l’un de mes hommes, à pêcher, tandis que l’autre allait essayer sa chance avec son fusil. Mais ce fut en vain. Il fallut en conséquence repartir pour nos foyers. Mais avant de quitter l’endroit, je mis sur un bouleau, le seul dans les environs de notre cabane, une inscription pour attester ma visite au célèbre pont de pierre, que des gens incrédules semblent révoquer en doute, parce que j’ai failli plusieurs fois dans des entreprises semblables.


1835.

MES SENTIMENTS.


Le tyran qui mine et désole
Le toit des vassaux et des rois,
Le temps au passé qui s’envole
Vient de jeter douze autres mois :