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LE RÉPERTOIRE NATIONAL.

UN CANADIEN.

Jeune étranger, de ta douleur
Nous comprenons tous l’amertume :
Mais chercher ici le bonheur,
Lorsque la discorde s’allume !
Pour nous opprimer, de nos droits
On veut détruire l’influence.

LE VOYAGEUR.

Rien ne fera taire vos lois,
Conservez encor l’espérance.

LE CANADIEN.

Lorsqu’un despote couronné
Te força de fuir ta patrie,
Les lois t’avaient donc condamné,
Tu respectas leur voix flétrie.
Ou d’un ministre ou d’un tyran
Où peut s’arrêter la vengeance ?

LE VOYAGEUR.

Rome enfin vit tomber Séjan ;
Conservez encor l’espérance.

LE CANADIEN.

Quand jaloux de nos libertés
Qu’une faction veut abattre,
Nous proclamions nos députés,
Il nous fallut longtemps combattre :
Vainqueurs enfin, un prompt trépas
Nous fit expier cette offense.

LE VOYAGEUR.

Songez qu’un peuple ne meurt pas :
Conservez encor l’espérance.

LE CANADIEN.

L’orage est loin d’être calmé,
Tout vient redoubler nos alarmes :
Le soldat au meurtre animé
Frappe le citoyen sans armes ;
À nos cris sur ces attentats
La loi répond par le silence.

LE VOYAGEUR.

Le fer ne vous manquera pas :
Conservez encor l’espérance.