Mais Erin, Erin qui soupire,
Et qui gémit tant dans ses fers,
Erin contre qui tout conspire,
Et qui n’a plus que des hivers :
Le pauvre Erin, il n’a point d’armes
Pour servir son bras irrité
Il n’a plus, hélas ! que ses larmes
Et son cœur pour la liberté.
Toi, dont l’âme est libre et si tendre,
Combien il devait se serrer
Ton cœur, quand tu pouvais entendre
Presque Erin gémir et pleurer !
Quand tu voyais la main meurtrie
De ce grand corps ensanglanté,
Chercher encor pour la patrie,
Son Dieu, ses droits, sa liberté !
Oh ! comme ton cœur devait battre,
Quand tu vis le vaste atelier
Que les siècles devront abattre,
Mais qui semble les défier !
Là, là se forgent tant de chaînes ;
Là, se perd tant de vérité ;
Là tombent tant d’espoir, de haines
Et tant de cris de : liberté !
Quand ta main soulevant le voile,
Dénouait le nœud gordien,
Nous, nous fixâmes notre étoile,
L’astre du peuple Canadien :
Et l’ange à figure connue,
Par deux grands aigles supporté,
Planait au-dessus de la nue
Pour nous montrer la liberté…