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LE RÉPERTOIRE NATIONAL.


        Je vis alors son front où l’innocence
        Avait laissé sa couronne de fleurs,
Plus rouge qu’une rose accuser l’imprudence
De l’amant qui déjà flétrissait leurs couleurs.
        Mais quel nouvel écho résonne,
        C’est le chant de nos vieux soldats ;
        Et comme la foudre qui tonne
        La corde redit leurs combats.

        Là bas paraît le guerrier sur l’arène ;
        Un noir panache ombrage son coursier.
Le glaive dans sa main brille au loin sur la plaine,
Le soleil enflammaient ses vêtements d’acier.
        L’airain sonne dans la carrière :
        Soudain volent les escadrons ;
        Au milieu des flots de poussière
        Le fer retentit sur les monts.

        Victoire ! a dit la harpe glorieuse,
        Et ses accords devinrent plus bruyants.
Pour s’éloigner bientôt sur la plaine poudreuse,
Et suivre des vaincus les bataillons fuyants.
        Car déjà la chanson guerrière
        Était à son dernier refrain,
        Lorsque la brise printanière
        Des ondes effleura le sein.

        La fibre d’or imitant son langage,
        Du vieux pécheur commença les chansons,
Et les échos lointains dont murmurait la plage
Semblaient en soupirant renouveler ses sons.
        Ainsi du poétique délire
        La harpe, aimant les doux accords,
        Chante ou sourit, gronde ou soupire,
        Toujours fidèle à nos transports.

        Jadis David répétait avec elle
        Ces chants sacrés révérés des chrétiens ;
Et l’aurore souvent en suspendant son aile,
Écoutait leurs concerts des monts iduméens.
        Au temple un jour j’ai cru l’entendre ;
        Mais ce n’était plus cette voix
        Dont l’écho frappant Alexandre,
        Lui fit suspendre ses exploits.

f. x. garneau.