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LE RÉPERTOIRE NATIONAL.


Ô Canada ! ton ciel est plein d’orages !
Mais ne crains point l’approche des tyrans ;
L’aquilon seul dans son char de nuages
Renverserait leurs pavois chancelants.
Seul l’homme libre admire nos tempêtes,
Et sait braver en tout temps leur courroux,
        Chantons ! car jamais dans nos fêtes

        L’alguasil n’entrera chez nous.
f. x. garneau.

1834.

POURQUOI DÉSESPÉRER ?

Partout on dit, l’œil fixé sur les flots,
L’esquif brisé s’abîme sous l’orage.
Ô Canada ! ton nom n’a plus d’échos,
Et tes enfants chéris ont fait naufrage.
        Mais non, ils ne périront pas,
        Une voix tout-à-coup s’écrie :
        Le soleil dore au bout des mâts
        Le vieux drapeau de la patrie,
                De la patrie.

Canadien, tu connus cette voix ;
Le ciel pour nous, souvent l’a fait entendre,
Dans nos malheurs, hélas, combien de fois
Nous avons cru notre Ilion en cendre ?
        Enfants jetés hors des berceaux,
        On nous exposa sur le Tibre ;
        Mais Rome sortit des roseaux….
        Et Rome aussi bientôt fut libre,
                Bientôt fut libre.

Mais si la nue éclipsa dans les cieux,
Plus d’une fois notre étoile sacrée ;
Après l’orage à son front radieux
On reconnut sa gloire à l’empyrée.
        Phare qui ne s’éteint jamais,
        Elle éblouit la tyrannie,
        Qui droit sur l’écueil des forfaits,
        Ira jeter sa barque impie,
                Sa barque impie.