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LE RÉPERTOIRE NATIONAL.


Où riches citadins viennent loin de la ville
Respirer le repos d’un séjour plus tranquille.
Puis apparaît enfin l’opulente cité,
Brillante de splendeur et de prospérité,
Qui déjà s’étendant partout dans la campagne,
Menace de s’asseoir un jour sur la montagne.
Parmi les monuments, magnifiques, nombreux,
Que ce nouveau coup d’œil vient déployer aux yeux,
Au centre, il en est un qui sur tous se signale
Par son portique altier, sa grandeur colossale.
Élevant, comme un mont, sous la voûte des cieux,
Sa masse gigantesque et son front sourcilleux,
Il semble rembrunir de sa couleur grisâtre
Tous les riants tableaux d’un horizon bleuâtre.
Temple du Tout-Puissant, il atteste aux regards
La piété d’un peuple et le règne des arts.
L’Amérique du Nord n’a rien qui rivalise,
En monuments pieux, cette superbe Église.
Honneur à Montréal, honneur à la cité,
Qui prouve ainsi sa foi, sa libéralité !
À droite, il est encore un modeste ermitage,
Que l’œil découvre à peine à travers le feuillage ;
Et, lorsque cent palais, chefs-d’œuvre de nos arts,
Semblent de tous côtés, étaler aux regards
L’opulence et le luxe, à la simple nature
Il emprunte lui seul ses grâces, sa parure.
Asile de bonheur, de paix et de vertu,
Interdits aux enfants d’un siècle corrompu,
Sous ses humbles lambris, il veut que la jeunesse
Vienne avec sa fraîcheur respirer la sagesse.
Qui peut le contempler ce séjour enchanteur
Sans qu’il sente de joie encor battre son cœur,
Au souvenir heureux de tant de jouissance
Que son sein sut offrir à son adolescence ?
Ah ! qui ne revoit pas sans un plaisir nouveau,
Sa plage où le destin a placé son berceau ?
Et l’humble presbytère et la tour du village
Qui le vit tant de fois jouer sous son ombrage,
Pourrait-il donc revoir d’un œil indifférent
L’asile où s’écoula son âge adolescent ?
Pourrait-il oublier la douce solitude
Qui charma ses ennuis et ses dégoûts d’étude ?