Peut-être, un jour la liberté propice
Viendra finir et vos pleurs et vos maux.
Pauvre étranger, régnera la justice :
À vos ennuis apportez du repos.
Vient-on encor jeter sur la chaumière,
Un œil hautain où brille le mépris ?
Toujours mon front brava leur troupe altière ;
Mais je pensais à des frères proscrits :
Leurs toits brûlants éclairaient la colline,
Où nos pasteurs conduisaient leurs troupeaux
Pauvre étranger, pourquoi ton front s’incline ?
À vos ennuis apportez du repos.
Plein de douleur je quittai ma patrie ;
Enfin le ciel y brille plus serein.
Retourne-t’en, mon âme un jour me crie :
De bords chéris je reprends le chemin.
Mais de mes ans j’ai sent la faiblesse ;
Déjà la mort a pénétré mes os !
Pauvre étranger, Dieu chérit la vieillesse :
À vos ennuis apportez du repos.
Ô Canada ! le ciel enfin m’appelle,
As-tu tari la coupe des douleurs ?
Mais des destins l’urne se renouvelle ;
Un sort plus doux dissipe tes malheurs.
Adieu, je meurs,…je sens glacer mes veines…
Mais quels longs bruits ont frappé les échos :
Ô ma patrie, on a brisé tes chaines !
Fuyez, ennuis, je meurs dans le repos.