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LE RÉPERTOIRE NATIONAL.


Et cet astre, qui dans les cieux,
Roule si brillant sur nos têtes,
Après le règne des tempêtes,
Et nous vivifie à ses feux :
En se dégageant du nuage,
N’a-t-il rallumé son flambeau
Que pour éclairer au tombeau
Notre inévitable passage ?

Que nous importe le printemps,
Que la pelouse refleurisse,
Que la rose s’épanouisse,
Mille autres charmes séduisants ?
S’il devait fondre encore sur nous
Ce fléau funeste, effroyable,
Que le Tout-Puissant implacable
Sur nous lança dans son courroux.

Quoi ! sur nos malheureuses plages,
Quand ses traces, de toutes parts,
Attestent encore aux regards
Ses épouvantables ravages :
Que la patrie encor voilée,
Et couverte d’habits en deuil,
S’agenouillant sur le cercueil,
Pleure sa triste destinée.

Portés sur l’aile des zéphirs,
Revenus enfin dans nos plaines,
Empoisonnant, par leurs haleines,
Nos espérances, nos soupirs ;
Il reviendrait avec furie,
Inopinément de retour,
Ainsi qu’un avide vautour,
Ronger le sein de ma patrie !

Sans pitié pour ses longs malheurs,
Quand sa blessure saigne encore ;
Qu’un cruel souci la dévore,
Ne laisse point sécher ses pleurs ;
D’une fois, il la rendrait victime
Des maux, dont le seul souvenir,
Semble sous ses pas entr’ouvrir
Un profond et funeste abîme !