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LE RÉPERTOIRE NATIONAL.


 

Ou m’abusé-je, et le sort envieux
D’une espérance, hélas ! bientôt punie,
Ne nous a-t-il, ô peuple généreux,
Rien préparé qu’une longue agonie ?

Nous n’avons pas, d’injustes préjugés,
Importuné les hommes du vieux monde ;
Nous nous disons : « Par les lois protégés
C’est sur les lois que notre espoir se fonde. »
Et cependant des conseillers pervers
Ont à grands coups morcelé l’édifice
Que, dévoués en des temps de revers,
Nos devanciers n’ont dû qu’à la justice…

Nous comprimant dans un réseau d’airain,
Altéré d’or, un monstre plein d’audace
S’est emparé du pouvoir souverain,
Et dans sa haine a proscrit notre race.
L’homme abusé qui lui prêta son nom
En vain a fui jusqu’aux rives du Gange ;
De mon pays il guide le timon,
Et chaque jour nous couvre de sa fange.

Que pouvons-nous pour assurer nos droits ?
La tyrannie est réduite en système ;
On nous renferme en des confins étroits
Et sourdement on mine au centre même.
On veut hâter par de secrets travaux
L’instant final d’une lutte affaiblie,
Où nous courbant sous des hommes nouveaux
Nous livrerions le sort de la patrie.

Des attentats de ces conspirateurs
N’accusons point toutefois l’Angleterre ;
D’obscurs complots dignes de leurs auteurs
Ont détourné l’égide salutaire.
Ils ont souvent, se réunissant tous,
Couvert la voix que nous faisions entendre ;
Plusieurs fois même on les vit contre nous
Armer le bras qui devait nous défendre.

Peuple isolé, qui n’as d’appui que toi,
Que tes vertus et le Dieu de tes pères ;
Peuple chéri, si comme je le croi,
De tes malheurs un jour tu te libères,