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LE RÉPERTOIRE NATIONAL.


  

C’est l’ennemi, je vois une victoire !
Feu, mon fusil : ce coup est bien porté ;
Un Canadien défend le territoire,
Comme il saurait venger la Liberté.
Hélas, dit-il, quelle est donc ma consigne ?
Un mot anglais que je ne comprends pas :
Mon père était du pays de la vigne. ;
Mon poste, non, je ne te laisse pas.

Quoi ! l’on voudrait assiéger ma guérite ?
Mais quel cordon ! ma foi qu’ils sont nombreux !
Un Voltigeur, déjà prendre la fuite ?
Il faut encor, que j’en tue un ou deux.
Hélas ! dit-il, quelle est donc ma consigne ?
Un mot anglais que je ne comprends pas :
Mon père était du pays de la vigne ;
Mon poste, non, je ne te laisse pas.

Un plomb l’atteint, il pâlit, il chancelle ;
Mais son coup part, puis il tombe à genoux.
Le sol est teint de son sang qui ruisselle :
Pour son pays, de mourir qu’il est doux !
Hélas ! dit-il, quelle est donc ma consigne ?
Un mot anglais que je ne comprends pas :
Mon père était du pays de la vigne ;
Mon poste, non, je ne te laisse pas.

Ses compagnons, courant à la victoire,
Vont jusqu’à lui pour étendre leur rang.
Le jour, déjà, désertât sa paupière,
Mais il semblait dire encor en mourant
Hélas ! c’est fait, quelle est donc ma consigne ?
Un mot anglais que je ne comprends pas
Mon père était du pays de la vigne ;
Mon poste, non, je ne te laisse pas.


1831.

PLAINTES ET ESPOIR.

Bons Canadiens, mes frères, mes amis,
Autour de nous voyez grossir l’orage.
Un jour brillant à l’avenir promis
Tel que l’éclair naîtra-t-il du nuage ?