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LE RÉPERTOIRE NATIONAL.

et dont je voudrais qu’il se pût corriger… je ne crois pas qu’on puisse être heureuse en ménage quand la jalousie vient en troubler la paix. Allons, il est temps bientôt d’aller présenter ce bouquet à M. Dolmont, car les miliciens vont venir et en voilà pour toute la matinée Ah ! Ah !… j’entends quelqu’un ! C’est sans doute Colas… Non, c’est M. le Bailli qui vient encore m’ennuyer de ses propos. Oh ! que je voudrais qu’il fût loin d’ici !



Scène II


COLINETTE, LE BAILLI.

le bailli. Hé bon jour, belle Colinette.

colinette. Bonjour, monsieur le Bailli.

le bailli. Que fais-tu donc ici si matin ?

colinette, (se levant.) Vous le voyez ; je fais un bouquet.

le bailli. Sera-t-il pour moi ?

colinette. Pour vous ?

le bailli. Oui. J’aimerais beaucoup un bouquet de ta jolie main. (Il veut lui baiser la main.)

colinette. Finissez.

le bailli. Dis-moi, seras-tu toujours aussi farouche ?

colinette. Aussi farouche ? Qu’est-ce que cela veut dire ?

le bailli. C’est que si tu voulais m’aimer, je saurais te rendre fort heureuse ; tu ne sais pas tout le bien que je pourrais te faire.

colinette, (ironiquement.) Je vous suis obligée de votre bienveillance.

le bailli. C’est répondre assez mal à mon empressement ; tu n’ignores pas que je t’aime, et tu ne fais que rire de mon amour.

colinette, (riant.) Eh ! que voulez-vous donc que je fasse ?

le bailli. Tu badines toujours, mais je te parle sérieusement moi ; il ne tiendrait qu’à toi de devenir en peu ma petite femme.