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1826.

LA CHANSON DU VOYAGEUR CANADIEN[1]

TRADUCTION DE LA CHANSON ANGLAISE DE MOORE.


Aux approches du soir, aux sons lents de l’airain,
Nos voix à l’unisson, nos rames en cadence,
Quand l’ombre des forêts se perd dans le lointain,
À sainte Anne chantons l’hymne de la partance.
    Ramons, camarades, ramons,
       Les courants nous devancent,
       Les rapides s’avancent,
   La nuit descend dans les vallons.

Et pourquoi dérouler la voile en ce moment ?
Nul zéphyr n’a ridé la surface de l’onde ;
Mais si, loin du rivage, Éole, nous portant,
Rend la rame au repos… entonnons à la ronde :
    Soufflez, soufflez, brise, aquilons,
       Les courants nous devancent,
       Les rapides s’avancent,
    La nuit descend dans les vallons.

  1. Thomas Moore, l’Anacréon moderne, est un des premiers poètes du jour. Son goût exquis n’a pas dédaigné un sujet purement canadien ; et la grandeur des sites et la simplicité des mœurs du pays ont su échauffer son enthousiasme. C’est au moins un dédommagement bien flatteur pour les prétendus dégoûts que certains aventuriers affichent sur tout ce qui tient au Canada. Le traducteur n’ose se flatter d’avoir fait passer dans notre langue la beauté d’expression qui caractérise son original. Il aura rempli sa tâche, s’il le fait connaître à ses compatriotes sans trop le défigurer. — Note du traducteur.

    Les couplets ci-dessus sont censés chantés par les voyageurs qui vont au Grand-Portage par la rivière des Outaouais. Voir, pour les détails de cette prodigieuse entreprise, l’Histoire Générale du Commerce des Pelleteries, servant de préliminaire au Journal de Sir Alexander McKenzie.


    « Au rapide de Ste. Anne, ils sont obligés de décharger leurs canots d’une partie, sinon de la totalité, de leurs cargaisons. C’est de ce lieu que les Canadiens se considèrent comme partant pour les pays d’en haut : car on y voit la dernière église qu’il y ait sur l’île, et qui est dédiée à la patronne des voyageurs. » — Histoire Générale du Commerce des Pelleteries.