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Vit l’Ours et le Lion disputant pour un daim.
    Que chacun voulait sans partage.
    « Parbleu ! se dit aussitôt le matois,
    De la forêt laissons faire les rois ;
    En évitant leur mâchoire cruelle,
    Tirons parti de la querelle. »
    Il n’était pas un franc Algérien,
    Mais, comme on voit, bon Calédonien.
Pendant que sur le cas en lui-même il raisonne,
    De ci, de là, chaque lutteur,
    De dent, de griffe avec fureur,
    A l’autre de bons coups il donne
Tant, qu’à la fin tous deux tombant de lassitude,
    Maître Renard, sans plus d’inquiétude,
    Peut sous leurs yeux, cette aubaine enlever,
Aux dépens des héros, s’égayer et dîner.

    J’ai vu souvent dans ma patrie
    Mes trops légers concitoyens,
    Canadiens contre Canadiens,
    Lutter avec même furie ;
Nouveaux venus, nos pertes calculer,
S’en enrichir et de nous se moquer.

D. B. viger.

1825.

CHANSON PATRIOTIQUE.

Air : Brûlant d’amour et partant pour la guerre


Riches cités, gardez votre opulence,
Mon pays seul a des charmes pour moi :
Dernier asile où règne l’innocence,
Quel pays peut se comparer à toi ?
    Dans ma douce patrie,
    Je veux finir ma vie ;
Si je quittais ces lieux chers à mon cœur.
Je m’écrirais : j’ai perdu le bonheur !

Combien de fois à l’aspect de nos belles
L’Européen demeure extasié !