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LE RÉPERTOIRE NATIONAL.

un arbre. Éve sentant sa curiosité piquée, demande au reptile où est cet arbre : celui-ci s’offre aussitôt à l’y conduire. Ève accepte ; ils s’acheminent et arrivent à l’arbre, que l’épouse d’Adam reconnaît pour celui de la science du bien et du mal, et elle refuse d’y toucher, alléguant pour raison la défense de Dieu.

Le tentateur montre de la surprise ; il parle à Ève d’une manière qui égale, dit Milton, celle des orateurs grecs et romains : il conclut son oraison, en lui promettant la divinité si elle mange du fruit défendu. L’épouse d’Adam est tentée par le goût et l’odorat, et elle est séduite par l’ambition. Elle parle longtemps ; elle se consulte, elle finit enfin par manger. Le serpent se cache, et cependant elle s’épuise en transports de joie ; elle rend grâces à genoux à l’arbre producteur des fruits qui lui ont plu ; elle part pour aller trouver son époux, qu’elle instruit de ce qu’elle a fait. Adam est rempli de consternation et d’épouvante, mais finit, après une grande perplexité, par se résoudre à partager le sort de sa moitié. Celle-ci se répand en effusion de sentiments de reconnaissance pour son époux, et lui présente le fruit fatal, qu’il mange aussitôt. Ensuite, ils se retirent tous deux pour se reposer. À son réveil, Adam sent naître des remords qui, le subjuguant, le font éclater en invectives contre le serpent et ensuite contre sa femme, qui s’émeut, et lui reproche sa propre faiblesse, en maudissant sa coupable indulgence. Adam, aigri par cette vive repartie, parle à Ève d’une manière injurieuse, et rejette sur elle toute la culpabilité de leur faute commune. C’est ainsi qu’ils commencent leurs malheurs, en se divisant.


LIVRE DIXIÈME.


Dès que les anges s’aperçoivent de la désobéissance de l’homme, ils désertent le paradis terrestre. Ils ne peuvent concevoir comment l’ange rebelle a pu s’introduire dans le jardin, à leur insu. Ils s’apitoient sur le sort de l’homme,