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tous les agréments dont le paradis terrestre est rempli. Mais il est douloureux de remarquer qu’après toutes ces beautés, il y vient un amalgame de la mythologie avec le sujet même, qui est d’une nature si différente. Ce petit écart d’imagination commence ainsi :

… while universal Pan,
Knit with the graces and the Hours in dance,
Sat on th’eternal spring…

Le démon qui va tenter Ève, après avoir contemplé les délices dont on jouit dans Éden, voit tout à coup paraître les procréateurs du genre humain ; il admire leur beauté, leurs grâces et leurs attraits. Après une description charmante de ces deux êtres, cet ange de ténèbres se répand en accents douloureux ; il gémit de voir assignée à nos premiers parents la place qu’il devait occuper ; il pressent leur malheur, s’applaudit de leur fragilité, tout en les plaignant ; il semble se déterminer à les perdre par devoir plutôt que par haine. Il s’avance, il les épie, il juge, par leur conversation, qu’il leur est défendu de manger du fruit de l’arbre du bien et du mal. Après avoir exhalé ses fureurs causées par le dépit qu’il éprouve en voyant leur bonheur, il résout de la manière dont il s’y prendra, pour les engager à manger du fruit défendu. S’applaudissant de ses projets, il s’avance auprès d’un lieu où la jeunesse militaire des cieux apprend le métier des héros. Ils ont des armes, des boucliers, des casques, des dards, etc. Ils revêtaient probablement ces armes par prévoyance, en cas d’invasion. Il paraît aussi qu’ils montaient la garde, dont le commandant était Gabriel. Nous rapportons ce passage :

Betwixt these rocky pillars Gabriel sat,
Chief of the angelic guards awaiting night,
About him exercis’d heroic game
Th’unarmed youth of heaven, but night at hand,
Celestial armory, shields, helms, and spears,
Hung high with diamonds flaming, and with gold.