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LE RÉPERTOIRE NATIONAL.

nous abstiendrons de le rapporter, comme en étant doublement indigne, par son indécence et par son défaut de justesse. En un mot, à l’exception de la beauté des vers, ce passage est indigne de son auteur.

Satan répond à sa fille la Mort, et l’instruit de ces vues, ainsi que la Révolte. Il les engage toutes deux à lui donner une issue, afin de pouvoir continuer son voyage. Il y réussit, et ayant surmonté ces obstacles, il poursuit sa marche. Ayant accompli son trajet, il arrive à la demeure du Chaos, qui se présente à lui aussitôt. Le roi infernal lui adresse quelques mots, afin de l’engager dans ses intérêts : le Chaos, quoiqu’embarrassé, lui répond d’une manière qui comble ses désirs, et lui enseigne où est le globe terrestre. Satan, dans son empressement, ne lui réplique rien, et vole au lieu indiqué. Après beaucoup de difficultés, il entrevoit la terre.

Nous ne saurions poursuivre sans nous arrêter un moment pour contempler et admirer la sublimité des pensées de Milton, et la beauté qu’il mêle aux récits les plus futiles. Il y met une importance que lui seul peut ajouter, et sans laquelle une grande partie de son poème serait vide de sens. C’est là surtout que l’on voit sa grande supériorité sur tant d’autres, qui ont voulu briller dans le genre où il a excellé.


LIVRE TROISIÈME.


Milton, avant de reprendre son récit, fait une digression touchante sur son aveuglement. Il y met une sensibilité qui charme, et qui fait sentir la grandeur de son infortune. Nous en citerons quelques vers :

But closed instead, and ever during dark,
Surrounds me, from the cheerful ways of men
Cut off, and for the book of knowledge fair,
Presented with a universal blank
Of nature’s work, to me expung’d and rais’d,
And wisdom at one entrance quite shut out.