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LE RÉPERTOIRE NATIONAL.

peut faire croire que Satan n’a pu projeter des promenades avec Belzébuth et plusieurs autres, sans s’être dégagé de ses liens, après des efforts considérables.

Ce qui vient ensuite, jusqu’à un autre discours de Satan, frappe l’imagination par les sublimes pensées qui y abondent. Mais il est fâcheux que l’on ait à remarquer que les comparaisons des démons avec les Titans et les baleines rabaissent, plutôt que d’élever tout ce que nous dit Milton de la force, de la puissance et de la grandeur des anges révoltés. Car enfin la grandeur des Titans et de la baleine est à la portée de l’esprit humain, et le poète nous donne à entendre, en plusieurs endroits de son ouvrage, qu’elle surpasse l’idée que l’on en peut concevoir. Le poète se trompe dans les vers suivants, en prêtant à un démon une pensée qui ne peut convenir à sa nature :


Both glorying to have escaped the Stygean flood,
As gods ; and by their own recover’d strength,
Not by sufferance of supernal power.


Le discours de Satan ne renferme guère que des pensées vagues et nullement appuyées par sa situation présente. Il y a pourtant dans le commencement de ce discours plusieurs élans d’imagination sublimes, et les vers qui les contiennent sont pleins d’harmonie imitative.

La réponse que lui fait Belzébuth renferme l’expression la plus énergique de sentiments diaboliques. Le poète reprend son récit avec ce ton élevé qui lui est particulier. Mais qu’il est affligeant pour ses admirateurs de voir la comparaison des Égyptiens, qui se voient avec les rois des enfers étendus dans leurs lits brûlants ! Satan parle ensuite avec beaucoup de force, surtout dans le dernier vers :


Awake, arise, or be for ever fallen.


Aussi ces paroles produisent-elles l’effet qu’on doit en attendre. Au commencement de la reprise du récit, l’on voit une comparaison dont l’idée prête d’autant plus à rire,