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LE RÉPERTOIRE NATIONAL.

1818.

SATIRE CONTRE LA PARESSE.


D’un ton grave et hardi, débutai-je pour rire ?
Non, ce fut tout de bon que je promis d’écrire.
Sans trop soigner mon style, ou rechercher mes mots,
J’effraierai les méchants, et me rirai des sots ;
Je poursuivrai partout le vice et la folie :
À ce noble dessein ma parole me lie.
L’on dira : « D’où vient donc un silence si long,
Après un si grand bruit, un repos si profond ?
Fi ! du poëte qui si longtemps se repose. »
Lecteur, de ce repos veux-tu savoir la cause ?
Depuis cinq ou six mois, je cherche maint sujet,
Où je puisse exercer ma verve ; vain projet :
La Paresse irritée affaiblit mon langage,
Ralentit mon ardeur, amollit mon courage,
Épanche la langueur sur chacun de mes sens.
Pour la vaincre, je fais des efforts impuissants ;
Contre elle vainement je cherche à tenir ferme :
De son pouvoir sur moi je ne puis voir le terme.
Oh ! quand de ce combat sortirai-je vainqueur ?
Quand reprendrai-je, enfin, ma force et ma vigueur ?
La Paresse aujourd’hui me joue un tour de Basque :
Si donc je la dévoile, ou plutôt la démasque ;
Si j’expose au grand jour ses procédés pervers,
Et si je la poursuis dans ses replis divers,
Qu’est-ce, sinon punir et venger une injure ?
Comme la vanité, l’avarice, l’usure,
La nommer par son nom, c’est assez la punir.
Commençons donc d’abord, par la bien définir.
Je demande et réponds : Qu’est-ce que la paresse ?
Une indigne langueur, une lâche mollesse,
Qui fait qu’on ne fait rien, quand on doit travailler,
Ou qu’on dort mollement, quand on devrait veiller ;
Quand on est bien portant, fait qu’on se dit malade ;
Fait enfin, que l’on fait comme faisait Vervade.
Le sommeil au corps las redonne la vigueur,
Dissipe la fatigue, et chasse la langueur,
Lorsque pour le besoin sobrement on en use ;