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LE RÉPERTOIRE NATIONAL.



« C’est un homme sans fonds, sans appui, sans talents ;
« En vérité, je crois qu’il a perdu le sens. »
Cet homme qu’il noircit court la même carrière
Que lui-même, et le laisse assez loin en arrière.
L’ignorant quelquefois porte envie au savant :
La chose a même lieu de parent à parent.
Cette sorte d’envie est quelque peu rustique :
Écoutez sur ce point nue histoire authentique,
Et dont tous les témoins sont encore vivants.
Philomate n’eut point de fortunés parents :
Tout leur bien consistait en une métairie.
Même les accidents fâcheux, la maladie,
Le sort, l’iniquité d’un père, à leur endroit,
Les réduisirent-ils encor plus à l’étroit.
Mais quoique Philomate eût des parents peu riches,
Jamais à son égard il ne les trouva chiches,
Et de se plaindre d’eux jamais il n’eut sujet.
Rendre leur fils heureux était leur seul objet :
Ne pouvant lui laisser un fort gros héritage,
Ils voulurent qu’il eût le savoir en partage.
Un bon tiers de leur gain et de leur revenu
Passait pour qu’il fut bien logé, nourri, vêtu.
Mais que gagnèrent-ils ? La haine de leurs frères :
Tous les collatéraux, et même les grands-pères
De ces sages parents deviennent ennemis,
Et firent retomber leur haine sur leur fils.
Eux, pour toute réponse et pour toute vengeance,
Méprisèrent les cris de leur rustre ignorance.
L’envieux, quelquefois, porte envie à l’habit.
Ce travers, il est vrai, marque assez peu d’esprit :
On peut trouver à dire à chose de la sorte,
Alors qu’on y met plus que son état ne porte ;
Mais blâmer de l’habit la forme ou la couleur,
C’est être, à mon avis, ridicule censeur,
Se mêler un peu trop des affaires des autres.
Ce travers est pourtant commun parmi les nôtres.
J’ai vu (l’on peut tenir le récit pour certain)
Un jeune homme, depuis quelques mois citadin.
Craignant de se montrer dans son champêtre asile,
Et pour y retourner, laisser l’habit de ville,
C’est-à-dire quitter l’habit pour le capot.
Le fait suivant est vrai, bien qu’il soit un peu sot,