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d’un an sa chair tomba en pourriture, et il mourut.

Au temps des cinq dynasties, il y avait à Loung-chan plusieurs esclaves qui faisaient des terrasses autour d’une plantation d’arbres à thé ; ils aperçurent un serpent blanc, grand comme une poutre. Ils prirent tous leurs bèches et se réunirent pour le tuer : un seul d’entr’eux, nommé Iu, fit ce qu’il put pour les en empêcher. Le lendemain matin on vit descendre de la montagne voisine une jeune fille vêtue d’une robe blanche et portant une corbeille de champignons ; les esclaves coururent aussitôt pour les lui arracher : le seul Iu n’y alla pas. Quand ses compagnons revinrent, ils firent cuire les champignons ; mais Iu éprouva tout à coup un violent mal de tête, et alla se coucher. Il vit en songe la jeune fille qui lui dit : Les champignons qu’on m’a pris sont vénéneux ; comme vous n’avez point participé au mal que m’ont fait vos compagnons, je vous avertis de n’en pas manger. Iu se réveilla en sursaut et tout effrayé. Tous ceux qui avaient mangé des champignons furent, au bout de dix jours, attaqués d’un vomissement de sang et en moururent ; le seul Iu échappa à cette maladie. Ainsi, quoiqu’on soit en général obligé à la même humanité envers tous les êtres vivans, on doit encore plus de ménagemens aux tortues et aux serpens, qu’il ne faut jamais faire mourir.

(29) À la fin des deux éditions que j’ai sous les yeux, on trouve quelques réflexions des édi-