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« Le troisième est le monde sans formes ; il n’y a là que des intelligences, et aucune substance corporelle. Il s’étend depuis l’espace vide, jusqu’au lieu où tout est pensée. Il y a en tout quatre Esprits, qui ne reçoivent que des idées et n’agissent que par l’intelligence. Ce sont quatre êtres intelligens, sans aucune apparence ou substance. C’est pourquoi le monde où ils habitent se nomme monde sans formes. »

« [Ces quatre Esprits sont : l’Esprit espace vide sans bornes ; l’Esprit intelligence sans bornes ; l’Esprit tout être, et l’Esprit tout pensée[1].] »

Voilà ce qu’on trouve sur les trois mondes dans la grande Somme de la théologie Bouddhique, intitulée San tsang fa sou[2]. Le lecteur peut croire qu’il n’eût tenu qu’à moi de rendre cet extrait moins inintelligible, si j’avais voulu risquer de substituer mes idées à celles de l’auteur, et l’interprétation au texte. Mais c’est une chose qu’on ne saurait faire avec sécurité

  1. Voici les noms sanskrits de ces quatre Esprits, qui paraissent désigner énigmatiquement l’espace, l’intelligence, l’être et la pensée :

    1. Akâchânantyayatanam.

    2. Bidjñânânamtyâyatanam.

    3. Akimtchabyâyatanam.

    4. Neebasamdjñânâsamdjñâyatanam.

    Le nom de ce dernier est rendu dans le vocabulaire par ces mots : esprit dans lequel, sans pensées, tout est pensée.

  2. Kiouan IIe., p. 15. L’ouvrage entier forme dix gros volumes et 50 Kiouan. Le texte est comme dans le morceau que je viens de traduire, entrecoupé par des notes pour expliquer les mots sanskrits et les passages difficiles.