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du nord est le gond du Ciel, où se réunissent les Intelligences des trois mondes et des dix parties. C’est-là ce qui le rend si respectable. »

On peut remarquer, dans ce passage, un exemple de ces emprunts que les Tao-sse ne cessent de faire aux autres sectes. Les trois mondes sont une conception des Bouddhistes, qui, dans leur métaphysique inextricable, distinguent le monde des désirs, le monde des formes, et le monde sans formes. Je vais, puisque l’occasion s’en présente, placer ici la définition que donnent leurs livres sacrés. Cet échantillon de la doctrine indienne formera un contraste assez marqué avec ce que nous avons vu jusqu’à présent chez les Tao-sse.

« San kiaï, les trois mondes, extrait du livre intitulé Hoa yan koung mou, c’est-à-dire, la pupille de l’œil de la fleur de majesté[1]. »

« Kiaï (monde), signifie proprement limite, séparation. Les trois mondes sont séparés et distingués les uns des autres ; ils n’ont aucune communication ; c’est pourquoi on les nomme Kiaï. »

« Le premier est le monde des désirs. Il y a quatre sortes de désirs : ceux des affections morales, ceux des objets extérieurs, celui des alimens, celui des plaisirs charnels. Dans l’é-

  1. C’est le nom qu’on donne à la grande collection des livres sacrés de Bouddhah. Une partie seulement de la fleur de majesté a été révélée ; le reste, au nombre de plusieurs millions de volumes, est encore dans le Ciel.