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encore notre auteur, une récompense digne des dénicheurs d’oiseaux.

(13) Kou-jou, la chair et les os : cette expression désigne les parens qui doivent être le plus attachés les uns aux autres, le père et le fils, le frère aîné et le cadet, le mari et la femme. L’histoire rapportée dans le commentaire est en quelque sorte le canevas d’un petit roman, auquel il ne manque que des développemens et un style un peu moins simple pour être assez intéressant ; mais on sait que les Chinois recherchent peu les ornemens dans leurs romans, et qu’ils ne s’attachent pas même à laisser le lecteur dans l’attente du dénouement, qui est presque toujours indiqué d’avance.

« Un habitant de la province de Chen-si, nommé Youan-koung, avait vu sa famille dispersée par des brigands qui avaient ravagé le pays ; son fils lui avait été enlevé ; lui-même était allé se réfugier dans la province de Nan-king. Quelque temps après son arrivée, il lui prit désir d’épouser une femme du second ordre, afin d’avoir un fils. Comme il était occupé d’en chercher une, il y avait un homme qui vendait sa femme ; Koung l’acheta pour trente onces d’argent. Arrivée chez son nouveau maître, cette femme tournait le dos à la lampe pour cacher sa douleur, et versait des larmes amères ; Koung lui en demanda la raison : Hélas ! dit-elle, la plus affreuse pauvreté et une extrême disette désolaient notre maison, et nous l’ont rendue insupportable ; à la fin, mon