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par-là la vie à cent mille fourmis ; huit jours après il vint revoir le mendiant. Celui-ci, effrayé et interdit de voir sa prédiction en défaut, lui demanda ce qu’il avait pu faire ; le Cha-mi lui raconta comment il avait empêché un filet d’eau d’inonder une fourmillière. Alors le mendiant lui annonça que la durée de sa vie avait été prolongée par cette bonne action. — C’en est une aussi, et c’est la marque d’un bon cœur que de conserver les nids d’hirondelles qui sont dans une maison. »

Un homme avait eu toute sa vie la plus grande aversion pour les mouches ; chaque fois qu’il en voyait une sortir d’un trou, si le trou était élevé, il prenait vite une échelle pour aller le boucher. Il lui naquit deux fils, mais tous deux manquaient de celle des ouvertures naturelles que les Chinois appellent la Voie du riz[1]. On voulut y remédier avec un stylet rougi au feu ; mais les deux enfans moururent. Voilà, ajoute très-naïvement le commentateur, la récompense d’avoir bouché les trous des mouches.

Un petit garçon de Sou-tcheou n’avait d’autre plaisir que de monter sur les arbres pour dénicher des petits oiseaux. Un jour il fut prévenu par un grand serpent qui était entré dans le nid et avait dévoré les petits ; en l’apercevant, l’enfant, saisi de terreur, resta la bouche béante. Le serpent y entra : le petit garçon tomba du haut de l’arbre et se tua. Voilà, dit

  1. Kou-tao.