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toutes choses, un être indéfinissable qu’ils appellent Tao, Raison. Le livre le plus respecté dans leur secte est le Tao te king, ou le livre de la raison et de la vertu, ouvrage composé par Lao tseu.

(12) « Si l’on bouche ces trous qui sont dans la terre et où les fourmis vivent en société, ou ceux qui sont dans les maisons et où logent différentes sortes d’insectes, n’est-ce pas, dit le commentaire, comme si l’on tuait les insectes eux-mêmes ? Et si l’on détruit les nids que les oiseaux ont construits sur les arbres ou sur les toits, où veut-on que ces pauvres animaux aillent goûter le repos et pondre leurs œufs ? (Kiao tha ho tchhou ’an chin seng iou ; mot à mot, doce eos quonam loco reponant corpus ovaque pariant). Tout cela est la marque d’un cœur sans pitié et dépourvu d’amour pour les êtres vivans. »

Il y avait autrefois un mendiant[1] qui prédit à un Cha-mi qu’il mourrait dans sept jours ; il lui ordonna en conséquence de s’en retourner chez lui. Celui-ci vit en route une fourmillière qu’un courant d’eau était prêt d’inonder ; en toute hâte il se dépouilla de ses habits, et les mit à terre pour arrêter l’eau. Il réussit à l’empêcher d’entrer dans la fourmillière, et sauva

  1. Pi-khieou, mot sanskrit introduit en chinois par les Bouddhistes ; c’est le même mot que l’anglais Beggar. Ces personnages, qui mendient par un esprit d’humilité et de dévotion, sont très-honorés à la Chine et dans l’Inde.