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pour leur sauver la vie. Il s’adressa à son compagnon et lui dit : Je n’ai point assez d’argent pour faire seul cette bonne œuvre. Voulez-vous, mon frère, vous charger de quêter pour y engager quelques autres personnes ? Cette quête eut lieu sur-le-champ ; mais Tchhang ne fut pas assez prompt. Thao tira le premier son argent, et mit une once, ou un tael. Les autres apportèrent ensuite les huit onces qu’il fallait encore. On acheta les poissons et on alla les mettre dans les fosses autour de la ville. L’automne suivant, Thao vit en songe un esprit qui lui dit : Tu ne devais pas encore espérer d’avancement ; mais à cause du mérite que tu as eu en délivrant les poissons d’une mort certaine, tu obtiendras, dans ton prochain examen, un grade supérieur au tien. Thao se mit à rire et dit : À la vérité c’est moi qui en ai eu l’idée ; mais je me suis fait aider par Tchhang-tchi-thing, et d’autres encore sont venus nous fournir les moyens de la mettre à exécution. Pourquoi le mérite en retomberait-il sur moi seul. Quelques jours après pourtant le gouverneur de Nan-king l’examina et lui donna de gros appointemens. Tchhang eut aussi de l’avancement.

Un certain Fan, du pays de Tchin-kiang-kiun, avait sa femme attaquée d’une maladie de langueur, et presque à l’article de la mort. Un Tao-sse lui avait conseillé un remède : il fallait prendre une centaine de moineaux, les nourrir pendant trois ou sept jours avec du riz préparé, leur ôter ensuite la cervelle et l’avaler. Fan alla