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tant j’avais consacré ma vie à la lecture du livre des Récompenses et des Peines, il a ajouté du temps à celui qui m’avait été accordé, et m’a promis que j’aurais un fils. » L’année suivante, en effet, il lui naquit un fils, qui fut l’appui de sa vieillesse, et fit après sa mort, en son honneur, les cérémonies d’usage.

Il y avait à Hoang-yan-hian un lettré nommé Yang-chin qui aspirait à un grade plus élevé que le sien. Le moment n’était pas encore arrivé pour lui, quand il aperçut par hasard des ouvriers occupés à graver le livre des Récompenses et des Peines. Il réfléchit en lui-même que, s’il n’avait pas de grands talens, il pouvait au moins aider ces gens à graver, et qu’il lui serait tenu compte de cette bonne action. Il grava en effet le dix-septième caractère de la première planche[1]. La nuit suivante,

  1. Il y a en chinois : ti chi thsi hao, i pan, le 17e caractère, une planche. Mais le sens demande qu’on traduise comme je le fais ; car d’un côté on ne peut croire que la première planche ne contînt que 17 mots ; et de l’autre, si la planche en eût contenu davantage, il eût dû avoir un rang inférieur, de sorte que la récompense eût été en raison inverse de la peine qu’il aurait prise, ce qui n’est pas supposable.