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Essai VI. De l’idéologie

L’exemple de Descartes a introduit dans la philosophie moderne trois idées qui l'ont souvent conduite à l'erreur : la première, c'est qu'il ne faut tenir aucun compte des opinions de ceux qui nous ont précédés; la seconde, c'est que l’étude de de nos opérations intellectuelles est toute la science; la troisième enfin, c'est que le principe de la science doit être unique. La première a trop souvent autorisé l'ignorance en la rendant systématique. La seconde, en réduisant tout à la description des actes de l'esprit a souvent fait perdre de vue la réalité des choses, et ruiné les fondements de toute certitude. La troisième enfin, la plus hardie, la plus dangereuse de toutes, a poussé les philosophes dans l'esprit de système qui trouve toujours son mobile et son excuse dans ce malheureux amour de la raison pour l'unité.

Nous avons vu des preuves de la fâcheuse influence de ces idées trop exclusivement reprochées par les Ecossais à la philosophie de Locke; peut-être la théorie de l'idée, poussée à l'excès, appliquée à tout, réunit-elle toute les conséquences fausses de la triple tendance que nous venons de signaler Si nous pouvions ici