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PASSÉ ET PRÉSENT.

la révolution car sans la révolution, on peut affirmer que la Charte n’eût pas existé. Qu’on ne dise donc point que la révolution venait d’être vaincue. Qui l’eût vaincue ? Ce n’était point le roi; il en reconnaissait les droits. Ce n’était pas non plus la coalition; elle n’avait vaincu que l’empire, et nous venons de le voir, l’empire et la révolution avaient fait divorce. Bien plus, les souverains, pour le vaincre, avaient eu recours aux idées et aux sentiments de liberté l’insurrection de l’Espagne, celle de la Prusse, celle de quelques-uns des petits peuples de l’Allemagne appartiennent certainement à la révolution car elles contiennent, et déjà plus d’un exemple l’a prouvé, le germe de mort du pouvoir absolu. Si la restauration ne fut pas, du moins dans ses caractères apparents, la défaite de la révolution, si la France lui dut de redevenir constitutionnelle, rien de plus simple que de déterminer la politique naturelle de la France depuis la restauration. En effet, les premiers alliés d’un État constitutionnel sont les États constitutionnels comme lui. C’est une vérité que saisirait la raison d’un enfant. Cette vérité obtint cependant peu d’influence dans les conseils; et peut-être dans ces premiers jours faut-il excuser les ministres de l’avoir négligée. Tout alors était difficile, tout était confondu; gouvernement et nation ignoraient leur rôle; des revers inouïs, des souffrances humiliantes ne permettaient pas à la nation d’être juste et clairvoyante envers ses récents ennemis et le gouvernement ne rencontrait déjà que trop d’embarras et de dangers, sans risquer encore, en quêtant dans les rangs étrangers des amis peu sur, de s’attirer des adversaires décidés. Nous étions trop faibles pour trouver des alliés,