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ne va pas sans le besoin d’en montrer les ressources, d’en essayer les procédés, d’en éprouver les forces[1]. On apprenait, sous le nom de cet art, une grande partie de ce que contient la Logique d’Aristote, que l’on connaissait par des traductions incomplètes et surtout par l’intermédiaire de Porphyre et de Boèce. L’introduction que le premier a jointe aux catégories, c’est-à-dire aux prolégomènes de la Logique, faisait corps avec elle; on n’en séparait pas les versions et les commentaires du second. Ainsi l’on ne savait la dialectique qu’à la condition d’avoir appris tout ce qui regarde les cinq voix ou les rapports généraux des idées et des choses entre elles, exprimés par les noms de genre, d’espèce, de différence, de propriété et d’accident; les catégories ou prédicaments, c’est-à-dire les idées les plus générales auxquelles puisse être ramené tout ce que nous savons ou pensons des choses; la théorie de la proposition ou les principes universels du langage; le raisonnement et la démonstration, ou la théorie et les formes du syllogisme; les règles de la division et de la définition; la science enfin de la discussion et de la réfutation, ou la connaissance du sophisme. En étudiant toutes ces choses, on trouvait, chemin faisant, de nombreuses questions qui permettaient de joindre l’exemple au précepte; c’étaient des questions d’abord de logique pure, puis de physique, de métaphysique, de morale, et souvent de théologie. Sur ces questions s’échauf-

  1. On sait que notre faculté des lettres s’appelait autrefois la faculté des arts : d’où le titre de maître ès arts. Le nom d’ artista fut donné dans le XIe siècle aux philosophes, qui à Rome étaient aussi appelés τεχναρι, quand ils s’adonnaient à l’enseignement et à la controverse. Buddaeus, Observ. select. XIV et XVI, t. VI, p. 121 et 130. Hall., 1702.