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ABÉLARD

LIVRE PREMIER.

VIE D’ABÉLARD.

Lorsqu’on suit, en quittant Nantes, la route de Poitiers, on traverse, avant d’arriver à Clisson, un bourg formé d’une longue rue et qui se nomme le Pallet. Après les dernières maisons, on aperçoit à gauche au-dessus du chemin une église, remarquable seulement par sa simplicité et par la vétusté de quelques-unes de ses parties. Derrière cette église et sur une hauteur, des restes de murs épais, avec des vestiges de fossés, indiquent sous le lierre qui les couvre une ancienne et forte construction, et renferment maintenant un carré d’arbustes et de grandes herbes, cimetière abandonné où s’élève une vieille croix de pierre parmi quelques modestes tombeaux. Ces ruines sont celles de la demeure des seigneurs du Pallet, détruite en 1420, lors des guerres qui suivirent l’attentat commis sur Jean V, duc de Bretagne, par Marguerite de Clisson. C’était là, qu’au XIe siècle, un petit château fortifié dominait le bourg, du haut d’une éminence à pic sur l’étroite rivière de la Sanguèze, ainsi nommée, dit-on, pour avoir été souvent rougie