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A. THIERS.

à outrance. Mais on ne songeait pas à faire ces distinctions, et on allait au plus pressé, c’est-à-dire au traité qui devait arrêter l’effusion du sang, et aux premiers éléments d’une reconstruction administrative. De ce traité, aucune monarchie n’aurait eu le désir de prendre la responsabilité. C’est ce que comprit parfaitement la droite monarchique. Elle consentit à accepter, sinon la chose, du moins le nom, comme une contrainte temporaire, un expédient de circonstance, pourvu qu’on en parlât le moins possible.

M. Thiers n’était pas sans avoir pensé souvent, sous l’Empire et surtout depuis la guerre, que la République était l’héritière naturelle de Napoléon III, qu’il faudrait traverser cette fois l’Océan et non plus la Manche, suivant une métaphore qui lui était habituelle. C’était bien à ses yeux la meilleure ressource pour la politique conservatrice, et là seulement on trouverait un terrain solide de gouvernement. Il n’en avait pas moins été frappé du grand nombre de légitimistes devenus députés, et n’était pas plus pressé qu’eux d’entraver, en discutant des constitutions, la ratification du traité et la pacification de Paris, d’où il rapportait des nouvelles inquiétantes. Il était d’autant plus disposé à attendre qu’il voyait très rapidement se former dans la Chambre un groupe qui devait s’accroître et qui lui inspirait toute confiance. M. Jules Simon a donné de ces députés une meilleure définition qu’ils ne feraient eux-mêmes, car l’histoire de ces années a été faite d’une façon supérieure par