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force la plume entre les doigts de M. de Galandot dont la main se rétractait. La plume becquetait le papier sans rien y tracer. Angiolino lâcha le poignet ; le bras, en retombant, heurta de l’os le bois du lit.

Olympia avait repris entre les siennes la main pendante de M. de Galandot. Elle se mit à lui parler d’une voix douce, geignante et pleurarde.

— « Voyons, mon petit Galandot, tu ne vas pas me refuser cela à moi. Rappelle-toi tout ce que j’ai fait pour toi, comme tu es venu à la maison… Tu t’es assis dans le fauteuil. Il faisait chaud. Puis tu m’as apporté les émeraudes. J’étais nue sur le lit. Tu allais me prendre. Pourquoi as-tu eu peur ; c’était la petite chienne Nina. Tu l’aimais bien. Donne-moi des sequins pour lui acheter des pâtisseries et du savon mousseux. Et mon bain, quand je sortais de l’eau toute ruisselante… Oui, je sais, Angiolino a eu tort ; il n’aurait pas dû t’envoyer porter les singes à Lamparelli. Mais tu étais si complaisant, tu aimais tant à rendre service ! Tu as dû toujours être comme cela ; c’est dans ta nature. Alors on oubliait que tu étais un grand seigneur, que tu avais des terres, des bois, des écus. Il ne faut pas nous en vouloir. Tiens, tu vas mieux. Veux-tu que la Romagnole t’apporte un bouillon ou que Jacopo refasse ton lit ? Tu respires bien. Allons ! signe donc, tu en seras débarrassé, tu pourras dormir. »

M. de Galandot semblait comprendre. Il souriait faiblement. Ses lèvres sèches remuèrent.

— « Tu as soif. Qu’est-ce que tu voudrais boire ?