yeux fixés au fond de son assiette, quand un coup de poing que donna sur la nappe M. Tobyson le fit sursauter. Ce coup de poing annonçait que M. Tobyson allait parler ; il en faisait d’ordinaire précéder ses discours et le proportionnait à son humeur ; aussi tantôt le choc faisait-il sauter les assiettes, tantôt tinter agréablement la verrerie.
M. de Galandot, la tête levée, écoutait déjà. M. Tobyson de Tottenwood parla ainsi. Au dehors, on entendait les palefreniers atteler les chevaux avec un bruit d’ébrouements, de sabots et de clochettes.
— « Si vous étiez né, Monsieur, dans un des verts comtés de notre joyeuse Angleterre, savez-vous bien, Monsieur, ce que je ferais ? Je vous prendrais le plus doucement du monde par le collet et je vous déposerais sur la banquette de ma voiture. Je m’y assoierais à côté de vous et je dirais au cocher de fouetter les chevaux, et au galop, postillons ! »
M. Tobyson de Tottenwood respira profondément. M. de Galandot courbait la nuque et rentrait la tête dans ses épaules ; il se voyait déjà dans les airs, suspendu au poing puissant de l’original.
— « Malheureusement pour vous, Monsieur, vous n’avez pas l’honneur d’être Anglais et, d’autre part, je n’ai pas celui de vous connaître assez pour pouvoir agir avec vous sans votre consentement et vous appliquer un traitement que vous seriez peut-être en humeur et en droit de me reprocher, car chacun est libre de vivre à sa guise et chacun doit rester maître de sa fantaisie. La vôtre, Mon-