sans doute à l’y contempler, tant sa surprise le rendait stupide, si le grand laquais à la serviette n’eût, d’un geste familier, fait sauter le chapeau et l’écu et mis l’un sur la tête, et l’autre dans la main de M. de Galandot, tandis qu’avec une bourrade amicale il le poussait dans l’allée où avait déjà disparu la chaise rouge du cardinal aux singes.
M. de Galandot se mit à marcher droit devant lui sans se retourner, les bras ballants, les épaules courbées. Le jardin était désert et silencieux. Les bassins luisaient doucement de leurs eaux miroitantes comme des pièces de métal fluide sculptées en leur transparence à l’effigie mouvante des nuées. Il arriva ainsi à l’escalier de la terrasse. Il avait peine à monter les marches, de ses jambes lourdes, comme si l’or qu’il tenait en la paume de sa main eût coulé en tous ses membres et y eût insinué son poids servile. Essoufflé, il s’arrêta. Les cris des singes et la voix zézeyante du cardinal lui résonnaient encore aux oreilles. Il revoyait l’écu d’or tomber dans son chapeau tendu et ressentait encore la bourrade du grand laquais. Il éprouvait une sorte de honte confuse et humble et il lui semblait que quelqu’un le regardait. Il leva les yeux.
Une statue antique se dressait sur un socle au haut de la terrasse. Cette figure représentait un homme nu coiffé d’un casque guerrier et le bras tendu d’un geste impérieux. Il était d’une forme parfaite, les jambes fortes et fines, les cuisses larges, le ventre plat, le torse musclé et plein, le cou solide, le visage régulier, debout au marbre