Peu à peu il s’apprivoisait jusqu’à s’asseoir à table au milieu de cette bizarre compagnie.
Ces dîners étaient le seul signe qui marquât l’abondance du nouvel état où vivait maintenant Olympia. M. de Galandot en était venu à soutenir toute la dépense de la maison ; mais, des surplus qu’on tirait de lui, rien ne paraissait. Les deux avares enfouissaient tout. Pour la table seulement, ils ne lésinaient pas. On y voyait paraître des plats recherchés et de grasses nourritures. Les convives d’Olympia faisaient grand bruit autour des plats. Le vin de Genzano déliait les langues. Elles étaient le plus souvent grossières et vilaines. Olympia donnait l’exemple et applaudissait à l’ordure des propos.
Ces jours-là, M. de Galandot ne buvait guère, ne mangeait point et ne disait mot. D’autant plus qu’avec le vin la compagnie s’émancipait. Les mains devenaient plus libres encore que les langues. Il se trouvait là parfois d’autres femmes qu’Olympia. Elles riaient bruyamment ou criaient d’un pinçon. Angiolino, au milieu du bruit des assiettes et des voix, debout, commençait un de ces discours burlesques auxquels excellait sa verve et portait la santé de M. de Galandot qui, égaré, suant à grosses gouttes sous sa perruque, piquait dans son assiette des morceaux qui n’y étaient point et qu’il faisait le geste de porter à sa bouche sans s’apercevoir, à la grande joie de tous, qu’un voisin facétieux les avait plaisamment escamotés.