du pot, des chanteurs et des joueurs d’instruments, des croupiers de jeu aux mains rapides et inquiétantes, des vendeurs de nippes, des acteurs de toutes sortes, des castrats, en un mot toute la racaille avec laquelle s’abouchait Angiolino en ses divers métiers.
Les premiers temps du séjour de M. de Galandot les écartèrent. Angiolino faisait bonne garde autour de son pensionnaire et ne souffrait guère qu’on en approchât ; mais, quand il se sentit sûr du tour que prenaient les choses, sa vigilance se relâcha, et la bande reparut peu à peu.
Ces visiteurs qui dérangeaient ses habitudes, M. de Galandot les détestait. Plus ou moins au courant, par le voir toujours là, de ce qu’il y faisait, ils le traitaient avec un assez curieux mélange de familiarité et de retenue. L’homme qui paie en impose toujours, mais ils se demandaient tout de même pourquoi, puisqu’il était chez lui, après tout, il ne chassait pas de là leur clique encombrante et semblait la supporter si à contre-cœur. Aussi, tout en l’admirant pour son argent, le méprisaient-ils pour sa faiblesse.
Dans les commencements, il s’éloignait à leur venue et leur cédait la place. On le voyait réfugié au jardin, assis sur le rebord de la terrasse, les jambes pendantes et le nez en l’air. Puis il finit par rester tout bonnement dans un coin de la galerie, distrait et rêveur, tandis qu’on pérorait autour de lui ; comme jadis, dans la boutique de Cozzoli, il demeurait des journées à entendre babiller l’avorton et jacasser la pie.