toutes pattes. Ses ongles griffaient le pavage d’un grincement sec.
Barbara était le mouvement même ; elle ne cessait guère de se démener sans pour cela faire grand ouvrage. La première activité qu’elle avait mise à nettoyer la villa, lors de l’installation de M. de Galandot, ne se renouvela plus. Elle laissait la poussière reprendre une place qu’elle ne lui disputait pas. Tout son travail consistait presque en un coup de balai sommaire qu’elle donnait à la chambre de son maître dont elle retapait le lit prestement et qui ne lui adressait d’ailleurs aucun reproche de sa paresse. Même, quand il la rencontrait dans la cour revenant du marché voisin, il lui arrivait souvent de lui prendre des mains son panier et de le porter lui-même jusqu’à la cuisine où il s’asseyait pour en voir déballer le contenu. Elle ne lui faisait grâce de rien. Il fallait qu’il remarquât la belle fraîcheur des légumes et sentît à l’écorce la bonne odeur des melons qu’elle rapportait.
Il les aimait jaunes et raboteux, à grosses côtes, de chair juteuse et ruisselante. Il prenait également plaisir à voir la vieille femme soupeser les oranges et les citrons et presser du doigt la peau mûre et flasque des grosses figues. Comme autrefois à Pont-aux-Belles, dans les vastes cuisines voûtées du château, il se plaisait à la société taciturne du jardinier Hilaire, ici, il aimait l’humble compagnie de cette servante âgée, bavarde et laide. Il commençait à fort bien entendre son langage. Il lui avait suffi pour cela de laisser corrompre son