même air de hauteur et d’hypocrisie assortissait, dans une sorte de parenté secrète, ces visages disparates.
M. de Galandot, en bon Romain, avait fini par les connaître de vue. Leurs noms mêmes lui étaient parvenus aux oreilles par la bouche du peuple ; il l’entendait murmurer à mi-voix, au passage, par les rues qu’ils remplissaient de l’écart des larges roues de leurs carrosses surdorés. Quelques-uns de ces noms étaient prononcés d’un ton de respect, d’autres d’un accent narquois, certains remplacés par un sobriquet familier, amical ou méprisant, selon l’état que le populaire faisait du personnage, car la discrétion ecclésiastique n’empêchait pas qu’il courût par la ville mainte histoire où le peuple distinguait d’instinct et assez exactement le mérite ou l’indignité de ceux qui pouvaient après tout être un jour appelés à le gouverner, car tout cardinal porte en lui la graine d’un pape, et c’est la semence qui répond de la fleur et du fruit.
Sans partager à cet égard l’intérêt public, M. de Galandot avait appris peu à peu à reconnaître ces passants augustes et papables. Il reconnaissait le cardinal Benariva à son attelage de chevaux noirs, et le cardinal Barbivoglio à sa double paire d’alezans. Des juments pies du cardinal Botta, l’une boitait que le pingre vieillard ne songeait point à remplacer, de même que le cardinal de Ponte-Santo se contentait, pour traîner son équipage vermoulu, de quatre vieux bais qui n’avaient plus que la peau et les os.
Quant au cardinal Lamparelli, il n’y avait plus