la tête basse, il traçait sur le sol des ronds avec sa canne et, du bout, il simulait sur ces médailles terrestres, au hasard improvisées, des figures indistinctes et des exergues illisibles. Le crépuscule se faisait lentement ; la lune montait et arrondissait au ciel son étincelante effigie aérienne. Il restait là jusqu’à ce que la vieille Barbara l’appelât en son jargon bizarre. Alors il se levait et revenait à pas lents.
Une fois à table, il se versait un grand verre d’eau et l’avalait avec plaisir. Puis il remplissait son assiette, le plus souvent ébréchée, car aucune vaisselle, si épaisse qu’elle fût, ne durait aux mains maladroites de Barbara. Pour le cristal, il lui coulait des doigts, comme de l’eau, si bien qu’un jour, toutes les carafes brisées l’une après l’autre, elle posa, pour en tenir lieu, sur la table, une petite amphore de terre jaune.
Elle en avait trouvé un assez grand nombre de tailles diverses dans un coin de la cave et s’en servait à plusieurs usages domestiques. M. de Galandot, le lendemain, se les étant fait montrer, en fit vider le beurre, les olives et l’huile qu’elles contenaient. Elles étaient d’une rare antiquité et d’une forme exquise. L’attache des anses y figurait des têtes de béliers ou des masques rustiques. Les panses portaient des guirlandes de pampres ou des scènes bucoliques dessinées d’un trait élégant et robuste. M. de Galandot les fit placer au-dessus de son lit sur une longue planche. Il y serrait les écus qu’il recevait des mains de M. Dalfi et qui provenaient des revenus de ses domaines de France et, bien