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LA DOUBLE MAÎTRESSE

M. de Portebize était debout sur le seuil, juste à côté de cette grande urne de bronze vert où il avait heurté en entrant et au bruit de laquelle lui était apparue la singulière petite personne qui maintenant le saluait d’une belle révérence et d’un sourire familier.

— « M. l’abbé se pardonnera mieux de ne se point être trouvé là, Monsieur, si vous avez été content de moi ; mais je ne le serais point si je manquais à vous faire remarquer ce vase qui est fort antique et auquel M. Hubertet attache un grand prix. »

Mlle Fanchon avait entouré le flanc de l’urne de son joli bras. Sa main blanche caressait le bronze verdâtre. Elle y appuya sa joue fraîche d’un geste coquet et tendre. Il était sur son socle aussi haut qu’elle et il portait, comme un collier, une pancarte où M. de Portebize put lire cette inscription : « Trouvé par M. de Galandot à Rome, l’an 1768… »

La porte refermée, M. de Portebize chercha la rampe à tâtons. « Voilà qui est singulier, pensait-il. Je viens ici pour voir un savant homme qui a connu feu mon oncle et m’en peut renseigner, et je tombe chez un vieux fou d’abbé qui ramasse des petites filles dans la rue, les fait coucher dans sa ruelle et les dresse pour l’Opéra. Tout cela mérite peut-être quelque étonnement, mais, je dois le dire, m’a au moins fort diverti. »

Il continuait à descendre quand il entendit la voix de Mlle Fanchon. Elle se penchait sur la rampe.

— « Monsieur, Monsieur, si vous allez au ballet d’Ariane, ne manquez pas de regarder au chœur