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LA DOUBLE MAÎTRESSE

Il apportait une grande cuvette d’eau avec un savon qui moussait. Je criais pour mon nez et mes yeux et je tâchais de sauver mes oreilles. Puis il prenait mes mains dans les siennes et me les frottait jusqu’à ce qu’elles fussent propres. Il me les regardait jusqu’aux ongles. C’est à lui que je dois le goût de les porter nets, quoique je n’hésite pas à décrasser les vieilles médailles et à toucher aux fourneaux, car M. Hubertet est gourmand et il est bien juste que je lui rende un peu les soins qu’il m’a donnés et que je tâche d’être serviable à ses manies et utile à ses plaisirs. »

M. de Portebize commençait à très bien connaître Mlle Fanchon et tout le détail de sa personne. Il y avait en elle je ne sais quoi de léger, de souple et de fin. Cela formait une sorte de grâce juvénile qui fût aisément devenue voluptueuse, si un air de franchise et de naïveté n’eût répandu sur elle la charmante fraîcheur de l’innocence qui empêchait véritablement de prêter aucun faux sens à ses propos et de se demander ce qu’elle entendait au juste par les plaisirs de l’abbé.

Mlle Fanchon, durant les absences de M. Hubertet, avait souvent répondu aux visiteurs, mais il s’en trouvait peu d’aussi bonne mine que M. de Portebize ; aussi admirait-elle fort les fines dentelles de ses manchettes et l’étoffe brillante de son habit, sans ressentir à cette vue aucun malaise et plutôt flattée de l’attention souriante que le beau gentilhomme prêtait à son minois et à ses discours.

— « Tout de même, mademoiselle Fanchon, votre abbé dut être quelque peu embarrassé de vous dans