démie. Tous trois tenaient leurs brevets du maréchal et se ressemblaient singulièrement.
C’est en ce manoir de Bas-le-Pré que François de Portebize revoyait sa mère en pensée et, tout en causant de choses et d’autres sur le mail où il se promenait avec MM. d’Oriocourt et de Créange, il retrouvait dans sa mémoire les moindres détails de ce bizarre logis.
On y arrivait par un chemin d’arbres rabougris qui partait de la grand’route et débouchait devant le château. C’était un bâtiment carré avec une tourelle à chaque angle. Une poterne voûtée donnait accès à une cour intérieure gazonnée et coupée d’une croix de sentiers. En face de la poterne, une porte basse ouvrait au dehors sur un potager dont les plates-bandes bordées d’un buis clairsemé contenaient des légumes rachitiques et de malingres arbres à fruits. Par-dessus les haies de clôture, on apercevait quelques chaumières, groupées en hameau, qui formaient une douzaine de feux.
Une terre de médiocre étendue composait avec elles toute la dépendance du château en grande partie inhabité. Mme de Portebize y occupait les pièces basses du rez-de-chaussée que surmontaient un étage de chambres et des greniers.
Elle vivait là fort solitaire, vêtue de grosse laine, vaquant aux soins du ménage, un trousseau de clefs à la main. Elle surveillait la cuisine, aimant à manger finement, et la buanderie, ayant gardé le goût du beau linge. Aussi l’armoire et le buffet étaient-ils largement garnis si la garde-robe était moins pourvue. Le plus clair du mince revenu de