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LA DOUBLE MAÎTRESSE

Il regarda longuement la futaie. Les troncs se dressaient droits et lisses. Le lierre tapissait le sol de sa verdure métallique.

M. de Galandot était devant le château. Entre les deux parterres d’eau, la borne de pierre du cadran solaire. Toutes les fenêtres de la façade étaient closes de leurs volets fermés, hors celles de la bibliothèque qui restaient ouvertes. Quand il rentra, ses pas résonnèrent dans le vestibule. Il descendit d’abord aux cuisines. Les murs frustes soutenaient la voûte nue. La grande cheminée s’ouvrait comme un porche. Des toiles d’araignées pendaient aux tournebroches. Les casseroles s’alignaient auprès des coquemars et des chaudrons. Çà et là de larges bassinoires de cuivre rouge ou jaune. Il y avait sur une table un vieux couteau et un panier avec quelques œufs.

M. de Galandot s’approcha de la cheminée. C’est là qu’on avait cuit pendant quarante ans ce qu’il avait mangé chaque jour. Les grosses bûches avaient brûlé là pour la table plantureuse du feu comte ; la braise y avait chauffé le frugal ordinaire de sa mère. Dans un coin, un petit tas de cendres restait encore du feu modique où le vieil Hilaire faisait durcir les œufs.

Nicolas allait de pièce en pièce. Le plus souvent, il ouvrait la porte, regardait sans entrer et enlevait la clé de la serrure. Il en eut bientôt à la main un gros paquet. Il y avait là celle de la chambre où il avait dormi, celle de l’appartement où sa mère était morte. Il y avait pénétré sur la pointe des pieds. Le grand lit à colonnes était à la même