cette égalité établie, ils en abusent à leur profit avec une aisance admirable. Aussi imposait-elle à Nicolas mille choses qui semblaient fort simples et toutes naturelles à la pensée de la petite fille et qui rendaient fort comique ce grand garçon timide et dégingandé, comme de s’amuser avec elle pendant des heures à construire dans le sable, avec des murailles de cailloux et des arbres de branchettes, des jardinets en miniature.
Il faisait vraiment beau voir le cousin Nicolas, à l’ouvrage, les mains terreuses au point qu’il osait à peine, en cet état, rentrer au château et, près de lui, ouvert sur le gravier, le rudiment que l’honnête garçon apportait chaque jour avec lui dans l’espoir d’en inculquer quelques règles à cette capricieuse petite tête.
Ce n’était qu’après bien des jeux que Julie consentait à s’asseoir sur le banc pour écouter la leçon. Elle se mettait à épeler avec beaucoup de sérieux et de bonne volonté, tout en suivant du coin de l’œil son pied qu’elle balançait en mesure de façon à effleurer sournoisement du talon les bas de son distrait professeur qu’elle tachait de poussière. Sa malice finissait par la faire éclater de rire sans que Nicolas interloqué sût au juste pourquoi elle riait ainsi. La leçon continuait tant bien que mal jusqu’à ce que Julie se laissât glisser doucement du banc. C’était la fin et alors la poursuite commençait.
Julie mettait à ce jeu une animation et une ardeur extraordinaires. Elle ne se fatiguait jamais de ce divertissement auquel son cousin se prêtait