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82 PREMIERS POÈMES

PAYSAGE

De hauts peupliers dont le feuillage frémit

Comme si des oiseaux y prenaient leurs volées

Reflètent, un à un, leurs tiges isolées

Dans le fuyant miroir du canal endormi ;

Au-dessus du vieux pont courbant son arche unique,

Au ras du parapet noir, la lune, émergeant

Dans sa rondeur et dans son éclat mat d’argent,

Monte dans le ciel clair, calme et mélancolique ;


Alentour, sur les champs, les routes, les buissons,

S’épandent des lueurs douces de nuits rêvées ;

Nul pas humain ne va sonnant sur les levées.

Et pourtant, l’air est plein d’impalpables frissons,

Et, là-bas, très distinct en ces rumeurs confuses,

Chante l’écoulement de l’eau dans les écluses...