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POÉSIES DIVERSES 321


La lyre et la flûte suraiguë et sournoise Ont ri de par sa lèvre et chanté sous ses doigts, Cri des ivres oiseaux d’un vol qui s’apprivoise, Rumeur de la mer vaste ou de la nuit des bois !


Avant qu’au soir étrange, imprévu des Sibylles, Vaincu mystérieux des thyrses et des dents, Il tombât lacéré de mains folles ou viles Parmi l’obscène ivresse et les rires ardents.


L’onde douce a lavé les caillots, et le fleuve L’a fait de marbre pur de la nuque aux talons ; Porte la Tête exsangue entre tes mains de veuve ; Laisse gésir le torse au creux des sables blonds ;


Par les gorges, les monts et par les plaines pâles Que bleuit une aurore et que rougit le soir, Ta robe violette où meurent des opales Est triste à rencontrer au détour du Bois noir.


Parmi les cyprès durs et sur les grèves mornes Tu passes, ombre errante, et tu ne pleures pas. Assise sur la pierre des seuils et des bornes. Et les larmes ont fui tes veux fixes et las.