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a donné, quand elle en a tant d’autres qu’elle ne doit qu’à elle-même ? Certes, les rues, les carrosses et les maisons sont un spectacle agréable, mais il nous porte à croire que l’homme est ce qu’il n’est point en vérité. N’est-il pas là quelque danger et ne nous abusons-nous pas étrangement à prendre l’état où il vit pour celui à quoi il est le plus propre et pour l’indice exact de sa capacité ? C’est ce qui nous aide à imaginer en lui, outre ce qui est périssable et commun à tous les êtres, je ne sais quoi d’immortel où il puise, monsieur, un orgueil dont il faudrait bien qu’il se défasse. Plusieurs bons esprits ont, heureusement, su se mettre au-dessus de ce préjugé et se résoudre à reconnaître qu’il n’y a guère rien d’autre en nous que dans tout ce qui est autour de nous, et que nous ne sommes, à bien prendre, que l’un des aspects de la matière. J’espère que vous aurez plaisir à la compagnie de ces messieurs. Vos propos m’ont montré que vous êtes de notre avis en ce qu’il faut, ce dont je suis fort content, monsieur, car votre figure m’a inspiré pour vous, à première vue, plus d’estime que je ne saurais dire.

M. de Bréot remercia M. de Bercaillé d’avoir si bien dit et leva son verre à sa santé. À mesure que